Revue mensuelle

Sommes-nous simplement en train de retarder l’inévitable?

Écrit le
14 mars 2022

Les inquiétudes des investisseurs face au resserrement imminent des conditions financières et monétaires ont fait place à des inquiétudes liées à une forte montée des tensions géopolitiques en février, qui a culminé avec l’entrée de l’armée russe en territoire ukrainien.

Alors que la crise politique et humanitaire se déroule en Europe de l’Est, le contexte économique en est un de reprise après l’accalmie imposée par la vague Omicron à la fin de 2021 et au début de la nouvelle année. Les données de l’indice des directeurs d’achats (PMI) de février aux États-Unis et en Europe ont augmenté de façon inattendue en raison de la composante du secteur des services qui s’est accélérée beaucoup plus rapidement que prévu. L’indice composé des directeurs d’achats (PMI) de la zone euro a rebondi à son plus haut niveau depuis septembre 2009, une évolution bienvenue après les cinq baisses mensuelles des six mois précédents. En même temps, les pressions sur les prix ne se sont pas relâchées, l’inflation générale annuelle aux États-Unis ayant atteint 7,5 % en janvier.

 

Indice mondial Citigroup des surprises économiques

Sources : DGIA, Bloomberg, au 28 février 2022

 

Plusieurs gouvernements ont annoncé un assouplissement des restrictions liées à la COVID. Au Royaume-Uni, le premier ministre Boris Johnson a levé des restrictions restantes en Angleterre. Il a ajouté que les personnes testées positives à la COVID ne seront plus légalement tenues de s’isoler. Elles devront toutefois exercer leur responsabilité personnelle1. Le gouvernement danois avait fait une communication semblable quelques semaines plus tôt. De telles nouvelles stimuleront l’activité économique, mais ne suffiront probablement pas à compenser les défis à venir. L’un de ces défis est le recul de la confiance des consommateurs, qui s’est trouvée fragilisée par une inflation élevée persistante.

 

La confiance des consommateurs ébranlée par l’inflation élevée

Sources : DGIA, Refinitiv, au 28 février 2022

 

Dans un contexte de tensions géopolitiques, les investisseurs minimisent la probabilité d’une décision agressive de la part de la Réserve fédérale américaine. Une hausse des taux de 50 points de base (pb) était attendue sur le marché des contrats à terme à la mi-février, mais les récents événements en Europe de l’Est ont fait reculer les probabilités en faveur d’une hausse moindre de 0,25 %. Cependant, puisque l’environnement économique américain demeure un contexte de croissance avec des pressions inflationnistes persistantes, certains décideurs continuent de plaider en faveur d’une action décisive de la part du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (FOMC)2. La prochaine réunion du comité se déroulera le 16 mars. Il en découlera fort probablement une hausse prudente des taux alors que le comité évalue l’impact sur l’économie américaine de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ainsi que de la réponse gouvernementale qui s’en est suivie.

 

Certains investisseurs considèrent l’exclusion d’une hausse plus agressive des taux de 50 pb en mars comme un sursis. En fin de compte, l’impact négatif de la guerre en Ukraine sur l’économie américaine sera fort probablement limité. Par conséquent, les pressions inflationnistes devraient demeurer, et, bien que les investisseurs en actions pourraient bénéficier d’un répit de la part de la Réserve fédérale en mars, cela ne fait que retarder l’inévitable : des taux plus élevés seront nécessaires pour maîtriser l’inflation.

 

Nous continuons de surveiller le marché du crédit à la recherche de signes de tension qui pourraient ultimement nuire à la croissance économique. Jusqu’à présent, la hausse a été maîtrisée. Bien que les écarts demeurent faibles selon les normes historiques, le niveau d’endettement de l’économie mondiale, beaucoup plus élevé aujourd’hui, indique une plus grande sensibilité aux hausses de taux. Par conséquent, des coûts de financement plus élevés et une disponibilité moindre du crédit nuiront tôt ou tard à la croissance économique.

 

Écarts de taux

Sources : DGIA, Bloomberg, au 22 février 2022

 

Après un début d’année volatil, la confiance des investisseurs particuliers s’est détériorée, l’indice de l’American Association of Individual Investors sur le sentiment des investisseurs ayant chuté à un niveau rarement observé et les principaux indices dépassant les niveaux de soutien les plus importants. De telles données suggèrent qu’un rebond à court terme est probable, mais que les perspectives à long terme des actions demeurent défavorables, car les positions demeurent élevées.

 

Indice composé : écart par rapport à la moyenne mobile sur 200 jours

Sources : DGIA, Refinitiv, au 28 février 2022

 

Indice de l’American Association of Individual Investors sur le sentiment aux États-Unis

Sources : DGIA, Refinitiv, au 28 février 2022

 

Fait intéressant, malgré l’humeur maussade des investisseurs et la montée de l’incertitude entourant les marchés financiers, les souscriptions nettes dans les fonds actions sont demeurées positives3.

 

Souscriptions nettes (cumulatif, en milliards de dollars) par rapport à l’indice MSCI Monde tous pays

Sources : BofA Global Investment Strategy, Bloomberg, EPFR au 28 février 2022

 

À la fin du mois, la valorisation globale des actions mondiales se situait au 88e percentile de son historique alors qu’il se situait au 96e l’année précédente. Les actions du marché américain sont de loin les plus chères, avec un ratio cours/bénéfice de l’indice composé S&P 500 sur 12 mois à 20x. C’est 11 % de moins que le niveau d’il y a un an, mais toujours au-dessus du niveau de 18x auquel nous nous attendons pour un rendement des bons du Trésor américain à 10 ans frôlant les 2 %. En utilisant le niveau actuel des bénéfices attendus pour 2022 ainsi que le ratio cours/bénéfices escompté avec un rendement des bons du Trésor de 2 %, nous extrapolons une juste valeur pour un indice de référence des actions américaines d’environ 4 000.

 

BPA attendus pour 2022 pour le S&P 500

Sources : DGIA, Bloomberg, au 28 février 2022

 

Il convient de noter que les prévisions de croissance des bénéfices sont élevées malgré le ralentissement de la croissance, les facteurs pesant sur la marge bénéficiaire et la montée de l’incertitude géopolitique. Compte tenu de la longue liste de vents contraires, les risques pesant sur la croissance des bénéfices en 2022 sont biaisés négativement, ce qui ajoute d’autres risques de baisses au-delà de ce qui pourrait être considéré comme la juste valeur à l’heure actuelle. Le bond récent dans la proportion d’indications de bénéfices négatives par rapport aux positives en témoigne4.

 

Ratio négatif positif a bondi au quatrième trimestre
Lignes directrices relatives aux prévisions consensuelles de l’indice S&P 500
T=0 est la fin du trimestre

Sources : Factset, Morgan Stanley Research, au 28 février 2022

 

 

Rendement des marchés

Rendements des pays et des régions de l’indice MSCI ACWI

Sources : DGIA, Refinitiv, au 28 février 2022

 

Rendements des secteurs de l’indice MSCI ACWI

Sources : DGIA, Refinitiv au 28 février 2022

 

 

Conclusion

Nous restons prudents, car nous nous attendons à ce que les marchés boursiers reflètent le contexte fondamental qui s’affaiblit, au-delà de la guerre en Ukraine. Nous prévoyons aussi tirer parti des opportunités qui pourraient se présenter dans le contexte volatil actuel.

 

 

Sources :
1. Boris Johnson scraps remaining COVID restrictions in England – POLITICO
2. Fed’s Waller says bigger rate hike in March may be needed | AP News
3. The Flow Show: If it walks like a bear…, BofA Global Research, 24 février 2022.
4. Weekly Warm-up: Avoid the Blind Spot and Look for Operational Efficiency, US Equity Strategy, Morgan Stanley, 28 février 2022.

 

 

Notes
Sources de toutes les données : MSCI et DGIA au 28 février 2022, à moins d’indication contraire.
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